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livre de Françoise Boquillon sur la Cathédrale Notre Dame de l'Annonciation de Nancy
livre de Françoise Boquillon sur la Cathédrale Notre Dame de l'Annonciation de Nancy
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Depuis la création 1 884
29 août 2012

De la place Stanislas, en cheminant par la rue Maurice Barrès,

Ncy Nlle Place 84

 

 

 

le promeneur

peut apprécier la belle

perspective s’ouvrant sur le

parvis et la façade de la

cathédrale Notre-Dame.

 

 

 

 

 

 

photo Patrice Greff

 

La cathédrale de Nancy n’a ni le prestige ni l’ancienneté

des grandes cathédrales édifiées au Moyen Âge.

Bâtie entre 1703 et 1742 dans le style néoclassique du XVIIIe siècle,

elle présente une allure générale imposante, mais un peu froide.

C’est à l’intérieur qu’elle offre toute l’harmonie souhaitée par

Jules-Hardouin Mansart et par Germain Boffrand,

grâce à ses belles proportions et à un décor sculpté raffiné.

De grands artistes lorrains y ont laissé leur empreinte :

le ferronnier Jean Lamour et son disciple François Jeanmaire ;

les peintres Claude Charles, Claude Jacquart,

Jean Girardet, Jean-Baptiste Claudot

(extrait de la préface Mgr Jean-Louis Papin Évêque de Nancy et de Toul)

 

 

C'est l'histoire d'un batiment, d'une ville et finalement d'une région que nous conte ici

Françoise Boquillon ;

couv cathédrale_Mise en page 1 - copiede la fondation du diocèse de Nancy

aux trésors de la cathédrale

passant par le chapitre

Notre-Dame de l’Annonciation.

De la construction laborieuse

à l’architecture de l’édifice

elle nous parle des événements

et des hommes.

 

 

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editions_Gerard_Louis

 



La cathédrale est l’église de l’évêque où réside son siège, la cathèdre, qui a donné son nom à l’édifice. À ce titre, elle est l’église-mère du diocèse. Dès ma première visite à Nancy après avoir été nommé évêque de ce diocèse, je me suis donc rendu à la cathédrale Notre-Dame.
Je fus d’abord impressionné par l’imposante façade surmontée de ses deux tours. Puis, pénétrant à l’intérieur, je me suis trouvé devant une vaste nef de style classique, dont l’équilibre et l’harmonie dégageaient un profond sentiment de paix. Empruntant une des allées latérales pour rejoindre le chœur, je découvris peu à peu la richesse ornementale de l’édifice : les six chapelles fermées par de magnifiques grilles, les belles boiseries en chêne du chœur, l’imposant maître-autel, les chapelles du transept dont l’une, à gauche, abrite Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, statue en pierre du xive siècle. Me retournant vers le grand portail, je pus admirer les orgues et leur buffet construit en 1757. Levant les yeux, j’aperçus dans la pénombre la belle coupole que seul un éclairage artificiel permet d’apprécier à sa juste valeur.
Une cathédrale est toujours le témoin d’une histoire à la fois politique, sociale, culturelle et spirituelle. Notre-Dame de Nancy n’échappe pas à cette règle. Décrypter la cathédrale, c’est découvrir une période de l’histoire de la ville et du duché de Lorraine. Construite sur un plan conçu par Giovanni Betto et remanié par Jules Hardouin-Mansart, la cathédrale de Nancy fut d’abord une église primatiale avant d’être une cathédrale. En effet, le pape Clément VIII n’avait pas accédé au désir du duc de Lorraine d’ériger un siège épiscopal à Nancy. En compensation, il avait octroyé un titre primatial à la capitale du duché par une bulle datée du 15 mars 1602. La première pierre de l’actuel édifice fut posée en 1703 par le duc Léopold. La construction dura jusqu’en 1742, année au cours de laquelle la nouvelle primatiale fut ouverte au culte en présence du roi Stanislas. Lorsque, après la mort de ce dernier, le pape Pie VI créa le siège épiscopal de Nancy en 1777, elle devint la cathédrale du nouveau diocèse.
Visiter la cathédrale primatiale de Nancy, c’est découvrir l’intense activité culturelle du duché de Lorraine dans la première moitié du XVIIIe siècle. La plupart des artistes de la cour ducale y apportèrent leur contribution. Parmi eux, Claude Jacquart pour la coupole, Jean Lamour et son disciple Jeanmaire pour les grilles des chapelles latérales, Jennesson et les frères Dupont pour les grandes orgues, Boffrand pour le dessin des boiseries du chœur, Claude Charles pour les deux grands tableaux accrochés dans l’abside, Girardet, peintre officiel de Stanislas, pour le Sacré-Coeur situé au-dessus de l’autel du transept droit, et bien d’autres œuvres. À ce titre, la cathédrale est un des éléments majeurs de l’exceptionnel ensemble architectural du XVIIIe siècle qui caractérise la ville de Nancy et fait sa notoriété. On peut admirer également le beau Christ en bois sculpté de l’école de Ligier Richier, sculpteur lorrain du début de la Renaissance.
Il y a une visite à ne pas manquer, celle du trésor dit de saint Gauzelin qui fut évêque de Toul de 922 à 962. Constitué de plusieurs pièces inestimables dont un évangéliaire et un calice avec sa patène, il témoigne des liens originaires entre le prestigieux évêché de Toul et le diocèse plus récent de Nancy.
Lors de sa venue à Reims en septembre 1996 pour le quinzième centenaire du baptême de Clovis, Jean-Paul II a eu ces paroles éclairantes : « L’Église ne regarde pas son héritage comme le trésor d’un passé révolu, mais comme une puissante inspiration pour avancer dans le pèlerinage de la foi sur des chemins toujours nouveaux. » Une cathédrale n’est pas seulement un témoin de l’histoire. Elle a vocation à être le lieu où sont célébrés les grands moments de la vie liturgique et diocésaine. L’évêque y préside les principales fêtes chrétiennes, les ordinations de prêtres et de diacres, la messe chrismale qui, chaque année, réunit le peuple chrétien dans sa diversité. Ce dernier s’y rassemble aussi pour des événements majeurs de la vie diocésaine, telles que l’ordination d’un nouvel évêque ou la célébration d’un synode diocésain. C’est dans la cathédrale Notre- Dame que fut accueilli le pape Jean-Paul II le 10 octobre 1988 avant qu’il ne se rende au grand rassemblement de la place Carnot. C’est là qu’une foule immense et fervente se rassembla le 4 avril 2005, quelques jours après son décès, pour une messe célébrée à sa mémoire.
Comme toute église, la cathédrale est, au coeur de la cité, le signe d’une transcendance qui nous dépasse. Au milieu des activités et des agitations du monde, elle offre un espace de recueillement, de silence et de paix, éveillant au mystère de Dieu celui qui y pénètre, tout en le laissant libre de sa réponse. Des dispositions particulières peuvent être prises pour favoriser cela. Mais l’édifice le permet par lui-même grâce au climat qu’il crée, à son architecture et aux divers éléments ornementaux. Il suffit de savoir les mettre en valeur et de laisser la cathédrale exercer ainsi sa vocation.
La cathédrale est située aujourd’hui à une triple croisée. D’abord à la croisée de l’histoire d’une ville dont elle est un témoin privilégié et d’une agglomération qui doit être créative et se développer pour affronter les défis actuels de la mondialisation. La valorisation du patrimoine est un atout important pour affronter l’avenir sans y perdre son âme. À la croisée aussi d’une Église qui a longtemps marqué de son empreinte les mentalités et d’une société désormais sécularisée. Par sa signification proprement religieuse, la cathédrale invite à lever la tête et à ne pas limiter notre horizon à cette terre. À la croisée enfin du cultuel et du culturel, indissociablement liés l’un à l’autre. La cathédrale ne peut pas se comprendre en dehors de cette relation. Aussi est-il nécessaire de donner aux jeunes générations la culture religieuse qui leur permettra d’apprécier comme il convient l’édifice qu’ils visitent. Quant à la communauté chrétienne, il lui revient de manifester de diverses manières que la cathédrale n’est pas un lieu vide, qu’elle est habitée d’une Présence, qu’elle est son lieu habituel de rassemblement pour la prière et le symbole d’une foi toujours vivante. Sa qualité patrimoniale a tout à y gagner.


En conclusion

Née au milieu du XIe siècle, Nancy ne fut longtemps qu’une ville de taille
modeste, résidence intermittente des ducs, et le duché de Lorraine resta tout au long du Moyen Âge dans la dépendance spirituelle des évêques de Toul, de Metz et de Verdun. Le XVIe siècle marqua un tournant : l’État lorrain s’était consolidé, le pouvoir ducal s’était renforcé mais, depuis 1552, la présence française dans les trois cités épiscopales poussa Charles III à revendiquer la création d’un nouveau diocèse dont le siège serait Nancy. Pourtant, face à l’opposition systématique de la France, l’attente fut longue. Pendant près de deux siècles encore, la capitale des duchés n’eut qu’une église primatiale dont la construction fut retardée par des difficultés financières et par les guerres du XVIIe siècle. La réunion de la Lorraine à la France en 1766 changea totalement la donne et, en 1777, répondant aux anciennes aspirations ducales, le Saint-Siège accorda la création de deux nouveaux diocèses lorrains - Nancy et Saint-Dié -, au détriment de celui de Toul. Alors qu’elle avait perdu son rang de capitale, Nancy devenait enfin cité épiscopale.
La cathédrale de Nancy n’a ni le prestige ni l’ancienneté des grandes cathé-drales édifiées au Moyen Âge. Bâtie entre 1703 et 1742 dans le style néoclassique du XVIIIe siècle, elle présente une allure générale imposante, mais un peu froide. C’est à l’intérieur qu’elle offre toute l’harmonie souhaitée par Jules-Hardouin Mansart et par Germain Boffrand, grâce à ses belles proportions et à un décor sculpté raffiné. De grands artistes lorrains y ont laissé leur empreinte : le ferronnier Jean Lamour et son disciple François Jeanmaire ; les peintres Claude Charles, Claude Jacquart, Jean Girardet, Jean-Baptiste Claudot…
Après la Révolution, d’autres œuvres ayant appartenu à des églises disparues l’ont encore enrichie : la Vierge de César Bagard sculptée en 1669 pour l’église des carmes ou le trésor de saint Gauzelin provenant du chapitre Notre-Dame de Bouxières. D’abord église primatiale, puis cathédrale en 1777, elle est devenue le siège d’une des paroisses de Nancy en 1802, puis fut élevée au rang de basilique romaine en 1867. Son architecture, mais aussi son histoire étroitement liée à celle de Nancy et de la Lorraine ducale, justifient l’intérêt qu’on lui a porté tout au long de cet ouvrage.

Mgr Jean-Louis Papin

Evêque de Nancy et de Toul

 

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